Historique

Le CREAT est une unité de recherche de l’université de Lorraine dont le projet a été initié par un sociologue (H. Levilain) et un spécialsite du cinéma (F. Montebello) à la suite d’une scission du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S). Localisée sur le site de Metz, l’unité reprend un programme de recherche original et pionnier sur l’expertise tout en l’articulant à une question de forte actualité : les transitions.

C’est en effet, dès les années 1990, qu’autour de l’expertise, se constitue à l’Université de Metz sous l’égide de J.-Y. Trépos professeur de sociologie et G.-N. Fischer professeur de psychologie, un département de sciences sociales, regroupant ces deux disciplines.

Peu à peu celles-ci vont s’autonomiser. Un département de sociologie est créé en 1992, dont J.-M. Leveratto prendra la direction. De nombreuses innovations pédagogiques se mettent en place. Une filière des Arts du spectacle est mise en place en 1993 en parallèle de celle sociologique. Initialement rattachée au département de communication, elle permettra la constitution en 1995 du département des Arts du Spectacle, dont J.-M. Leveratto sera également le premier directeur. Ancrée résolument dans ces deux départements d’enseignement et prenant appui sur la création de nouvelles filières d’enseignement, tant en sociologie qu’en art, la recherche sur l’expertise va ainsi se structurer. Une « Equipe de Sociologie de l’Expertise » se constitue et obtient sa reconnaissance par le Conseil Scientifique de l’Université de Metz et le statut « d’équipe autonome » en 1994.

Rebaptisée « Equipe de Recherche en Anthropologie et Sociologie de l’Expertise » (ERASE) en 1995, celle-ci va connaitre un développement important. Elle est reconnue Jeune Equipe en 1996 et devient Équipe d’accueil en 2000. La perspective interdisciplinaire est déjà l’ADN d’une unité qui accueille un ethnologue (l’effectif ira jusqu’à 3), un professeur de philosophie (que 2 MCF rejoindront ensuite). En 2004, l’ERASE rassemble toutes disciplines confondues : 7 PU, 1 MCF HDR, 11 MCF, 1 IGR. Le développement de la problématique de l’expertise -côté recherche- s’accompagne du développement en écho de nouvelles filières professionnalisantes.

Sur le champ des métiers du social, une Maitrise de Sciences et Techniques « Conception et Réalisation de Projets d’intervention et d’Innovation » (MST-CERPII) est créé et va connaitre un développement continu. Elle devient en 2004, un master pionnier et original en « Ingénierie et Expertises des Politiques sociales » (IEPS) : pour la première fois en France, un diplôme met l’expertise au centre des politiques sociales. Dès avant la création de l’Université de Lorraine, des formations avaient été développées avec l’université de Nancy 2. L’expertise est ainsi présente dans le DESS « expertise et intervention sociologique » orienté vers les métiers de consultant, créé et porté par J.-Y. Trépos (Metz) et M. Legrand (Nancy). Sur le plan de la recherche, un DEA « recherche » commun aux deux sites avait été mis en place. Ces différentes formations vont connaitre leur propre développement et, du côté messin, le master « recherche » va s’orienter vers les sciences sociales.

En symétrie, la même logique de développement s’observe du côté des arts et de la culture avec la création de filières professionnalisantes dans le domaine des métiers de la culture : DESS « Expertises et Médiations Culturelles » ; licence pro « musique ». L’expertise offre ainsi un cadre fortement cohérent au développement presque en miroir de ces formations réparties dans deux départements différents mais connectées sur le plan de la recherche. Dans cette orientation cohérente, la formation n’est jamais séparée de la recherche : par l’augmentation du nombre de thèses, la formation alimente le développement de l’unité et, en retour, la recherche alimente des formations très actuelles. Mais la formation entraine également une hybridation disciplinaire de l’unité de recherche. Des enseignants-chercheurs en esthétique du département « Arts du spectacle » (devenus ensuite « Arts et culture » puis « Arts ») rejoignent le laboratoire et renforcent le modèle de l’expertise culturelle développé par J.-M. Leveratto.

Autour de l’expertise, à l’articulation de la recherche et de la formation, se développe une orientation interdisciplinaire. Sur le plan scientifique, l’expertise structure ainsi un programme de recherche original, pionnier et interdisciplinaire, dont les « objets » variés (les addictions, le cinéma, la médiation, le patrimoine, le spectacle, le théâtre, le vieillissement et les états de santé etc.) se décrivent en termes de qualité, d’instrument de mesure, d’innovations…

En 2005, un rapprochement est tenté avec une UMR (unité mixte CNRS) de Nancy : le GREE. Il échouera faute d’une taille critique mais cette tentative préfigure une recomposition : l’ERASE et le GREE puis le LASURE s’allient en 2008 pour mettre en place le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S).  La création en 2012 de l’Université de Lorraine renforce cette recomposition. Dans ce cadre, l’ERASE en tant que tel disparait. Le 2L2S s’organise en effet selon une logique d’axes thématiques qui, à l’exception du domaine des arts, reformule et dilue la problématique de l’expertise. En 2020, des désaccords se font jour dans le 2L2S. Ils conduiront à la constitution, de fait, de deux équipes autonomes : le 2L2S-Metz et le 2L2S-Nancy et à la formulation de deux projets distincts pour le contrat quinquennal 2024-2028 : celui du CREAT pour Metz et celui du TETRAS pour Nancy.

Ce bref historique le montre : le CREAT s’inscrit dans une forme de continuité avec les travaux menés depuis longtemps (plus de 20 ans) sur le site de Metz sur l’expertise. Pour autant, son programme n’est pas la simple reprise pas plus que la continuation de cette histoire ancienne à la fois puisqu’il intègre une question nouvelle : celle des transitions.